Les premiers résultats de l’expérimentation de radars embarqués confiés à des compagnies et à des chauffeurs privés semblent peu concluants. Pourtant, le délégué interministériel à la Sécurité routière dément l’inefficacité du dispositif. Les avocats en droit routier du cabinet Dehan & Schinazi font le point.
Un constat en demi-teinte, un an après les premiers véhicules-radars
Lorsque sont arrivés, au printemps 2018, les premiers véhicules-radars gérés par des sociétés privées, la crainte était que ces voitures ne flashent tous azimut pour rapporter de l’argent. Un an plus tard, le constat est tout autre : il apparait que ces radars embarqués confiés à des compagnies et des chauffeurs privés ne flasheraient pas assez.
Dans la Manche, par exemple, ces nouveaux radars ont relevé moins de 10 infractions par jour, alors que les excès de vitesse sont en forte hausse dans ce département, et où un quart des radars fixes ne fonctionne plus du fait du mouvement des Gilets jaunes.
Ce que dit le délégué interministériel à la sécurité routière…
Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la sécurité routière, admet que les radars embarqués fonctionnent assez peu essentiellement pour des raisons techniques, mais insiste sur le fait que le but n’est pas de faire du chiffre. « On est dans quelque chose de totalement innovant !« , a-t-il martelé. « Ces voitures, qui sont la propriété de l’État, sont conduites par un chauffeur salarié d’une entreprise privée qui suit un itinéraire indiqué par les préfectures, et la voiture fait tout, toute seule. C’est pour ça qu’on a pris le temps de régler tous les problèmes qui se sont posés à nous, ils sont multiples. Nos véhicules sont toujours en circulation, et mathématiquement, un radar arrêté flashe beaucoup plus. J’ai un seul impératif dans cette affaire, c’est le respect de la procédure pénale, et d’apporter des contraventions qui soient inattaquables d’un point de vue juridique et technique« , a-t-il précisé.
… et ce que dit le préfet de la Manche
Le préfet de la Manche a lui aussi démenti le constat d’échec dans un communiqué. Jean-Marc Sabathé a indiqué : « Ce dispositif, comme toutes les mesures prises dans le domaine de la sécurité routière, contribuent à rendre les automobilistes ou les usagers de la route plus vigilants, plus prudents, et participent à sauver des vies sur les routes du département et de la France. À aucun moment la pertinence de ce dispositif n’a été remise en cause. Enfin, depuis la mise en service des radars, le nombre d’infractions relevées ne cesse d’augmenter« , affirme-t-il.
Chez les avocats en droit routier, un constat s’impose, aux antipodes de l’optimisme affiché par l’administration : ce nouveau dispositif n’est pas encore prêt d’être mis en place de manière pérenne.