Les inspecteurs des écoles de conduite de France sont appelés à faire grève le lundi 3 octobre 2022. La cause : un projet de permis probatoire autorisant à conduire avant d’avoir passé l’examen pratique. Résumé signé des avocats en droit routier du cabinet Dehan & Schinazi.
Les écoles de conduite contestent un projet de l’Intérieur
SNICA FO est le nom du syndicat national Force Ouvrière des inspecteurs, cadres et administratifs du permis de conduire et de la sécurité routière. S’il appelle tous les professionnels du secteur à la grève en ce premier lundi d’octobre 2022, c’est pour contester un projet du ministère de l’Intérieur.
Place Beauvau souhaite en effet mettre en place un permis de conduire probatoire inspiré par le modèle du permis belge. Pour le journal Ouest-France, Yann Beauvallet, délégué syndical des Deux-Sèvres (région Nouvelle-Aquitaine), explique que ce modèle « permettrait aux écoles de conduite de délivrer une attestation autorisant temporairement à conduire, dans l’attente d’un examen ultérieur réalisé par un IPCSR » (IPCSR est l’acronyme utilisé pour désigner les inspecteurs du permis de conduire).
Sur son site internet officiel, le syndicat conspue cette initiative en dressant un état des lieux du système belge :
- « de plus en plus d’adolescents et de jeunes, déjà surreprésentés dans les statistiques de l’insécurité routière, roulent à deux-roues sans même avoir suivi de formation»
- « de plus en plus de candidats obtiennent le code de la route sans jamais l’avoir passé»
- « de plus en plus de conducteurs obtiennent un permis de conduire sous une fausse identité»
- « la Wallonie a réformé son système en 2018, précisément pour éradiquer la délivrance d’attestations de complaisance par les auto-écoles»
Contre une privatisation et externalisation jugée tous azimuts
Autre sujet de préoccupation : la privatisation ou l’externalisation jugée délétère de nombreuses missions des inspecteurs et délégués du permis de conduire et fonctionnaires d’État. Là aussi, le syndicat ne cache pas sa colère et rappelle que des fraudes massives et graves se sont développées :
- « salles d’examen non surveillées»
- « absence de vérification d’identité»
- « vente de résultats favorables»
- « usurpations d’identité»
- « délivrance d’attestations de complaisance»
Et de citer, pour pousser les derniers hésitants à entrer en grève, « l’effondrement du taux de réussite à l’examen du code de la route, et une méconnaissance préoccupante des règles élémentaires de circulation chez les apprentis conducteurs ».